Archivo de octubre 2008

25
Oct
08

Samedi 25 octobre: l’arrivée d’un ours qui a mangé une grenouille!!!

DON: Ourson Eric

Faut-il l’inclure dans la collection d’ours? Ou de grenouilles?

18
Oct
08

Samedi 18 octobre: «Les siamoises» traduction de Bernardo Schiavetta (fragment)

Les siamoises

De nos jours, il ne reste qu’une seule photo prise à Moscou. On y voit la place Komsomolskaya, couverte de neige et déserte, un soir de février à la tombée de la nuit. Au milieu, il y a un manteau. Quatre bras, quatre jambes, deux têtes en sortent. Il ne s’agit pas d’un monstre, ni d’un ange noir posé sur la neige. Ce sont Irina et Marina Konstantinovna Pirogov, le jour de leur retour à la capitale, quelques années après leur déportation sur les bords de la mer de Barents.
Elles auraient pu être deux adorables jumelles. Or, comme leur père était un Ukrainien mesurant dans les deux mètres et leur mère une Caucasienne de petite taille —pour ne pas dire naine—, l’utérus garda trop à l’étroit ces deux êtres qui héritaient, hélas !, de la corpulence paternelle. Ainsi, à quelque étape de leur développement, au deuxième ou troisième mois peut-être, leurs deux pelvis se soudèrent pour ne plus jamais se dessouder.
Deux est Un.
Elles sont nées siamoises pygopages, partageant les mêmes fesses et les mêmes orifices d’excrétion et de reproduction. Par bonheur, elles appartenaient au même sexe. Nées siamoises atteintes d’hermaphrodisme, combien d’ennuis ne les auraient-ils de surcroît accablées !?
En revanche, des yeux d’azur.
Elles ont eu de la chance. A d’autres époques, on les aurait exhibées dans les foires, curiosité jetée en pâture aux foules grossières, au côté d’une panthère percluse de sciatique, incapable de bouger dans sa cage. Sous d’autres cieux, leur sort aurait été le flacon de formol, dans la vitrine d’un Musée de Sciences Naturelles, parmi d’autres erreurs de la Nature, entre un bébé cyclope et un autre au bec de lièvre. Elles ont eu de la chance, je vous le dis. Elles sont nées dans le lieu et la place qu’il fallait. C’est-à-dire à Kiev. C’est-à-dire en plein milieu d’une révolution. Ni plus tôt, ni plus tard. Lorsque l’effervescence n’avait pas encore perdu de sa force.
L’État les reconnut pour ce qu’elles étaient, ni plus ni moins : deux fillettes aux nombrils différents, unies à la hauteur du bassin, abandonnées par des paysans effrayés. Après leur sevrage, on les envoya à Moscou, à l’Orphelinat Central, pour rejoindre des centaines d’autres orphelins, pour y recevoir l’éducation prévue par le Parti, selon les directives du dernier plan quinquennal.
A l’Orphelinat, Marina et Irina gagnèrent l’affection de tous, sans exception. Elles étaient adorables. Qui aurait pu le nier ? Adorables, lorsqu’elles apprirent à marcher sur quatre jambes, sans perdre l’équilibre, en alternant un pas gagné par Irina et un pas perdu par Marina. Ou vice-versa. Adorables, lorsqu’elles apprirent à uriner et à déféquer dans le même pot de chambre, en synchronisant l’ouverture et la fermeture. Adorables encore, à leur premier jour à l’école, lorsqu’elles bénéficièrent d’un pupitre giratoire, spécialement fabriqué par des camarades ébénistes, l’une regardant vers l’avant et l’autre vers l’arrière, ou vice-versa, tel un Janus Bifrons enfant.
Elles furent des élèves hors pair. Il ne fallait pas s’en étonner. Elles avaient quatre yeux pour regarder, quatre oreilles pour écouter, quatre mains pour toucher. L’association pygopage de ces deux corps ne donnait pas comme résultat une addition de parties, mais plutôt la multiplication de leurs facultés. Les siamoises percevaient, pensaient, imaginaient, se souvenaient et désiraient au carré. Tout était intéressant pour elles : les lettres, les arts, les sciences, les activités sportives. En raison du nouveau plan d’éducation, toutes les deux apprirent à conduire des tracteurs, à traire des vaches,  à récolter la betterave.
Alors que la plupart des filles soviétiques travaillaient en tant qu’ouvrières dans les usines textiles de Minsk, donnaient à manger aux saumons d’élevage en Mer Baltique ou tapaient des lettres dans les bureaux de Leningrad, les siamoises se présentèrent au concours d’admission à l’Institut Physico-chimico-géologique de Moscou. Irina fut reçue. Marina non.
Un est Deux.
Irina Konstantinovna Pirogov entama une brillante carrière. Elle ne se contenta pas, comme les autres élèves, de suivre les leçons, d’acquérir des connaissances et de passer les examens. A l’instar des plus géniaux parmi les hommes de science, elle fit des recherches, des découvertes et des inventions au cours de ses études. Elle inventa une balance de torsion, capable de mesurer jusqu’au dix millionième de gramme. Elle fit des recherches sur les propriétés thermiques du tellure, du rubidium et du cadmium. En étudiant les propriétés électromagnétiques du germanium, elle découvrit un élément inconnu, mais prévu par la table de Mendeleiev, qu’elle baptisa du nom de marinitium. Irina était une personne d’une extrême générosité. Elle pensait d’abord à sa soeur.
Le marinitium est une substance radioactive qu’on trouve dans certaines régions de l’Oural jusqu’à une profondeur de cent mètres, dans les mêmes proportions que le strontium. Il peut remplacer avantageusement  certains isotopes de l’uranium dont l’obtention industrielle est, on le sait, non seulement dangereuse, mais également fort coûteuse.
Cette découverte lui valut le Prix de l’Académie de Sciences de Moscou, octroyé pour la première fois à une femme. Pendant la cérémonie de remise, le professeur Sergueï Alexandrovitch Krilov prononça un discours où il célébra le génie de sa disciple. Lorsqu’il était sur le point d’épingler la médaille sur la poitrine d’Irina, il fut interrompu par la police, munie d’un mandat d’arrêt. Les siamoises furent menottées et conduites au commissariat, sans plus d’explications.
Tandis qu’Irina vouait ses jours au progrès de la science, Marina, dans son dos, passait des nuits blanches au service du progrès des arts. A l’insu de sa sœur, plusieurs de ses œuvres avaient gagné l’admiration d’un public choisi : L’Enfant microcéphale,  Les Albinos, La Femme à barbe. Le grand Nicolaï Davidych avait écrit : « Les pièces de Marina Konstantinovna sont devenues aussi indispensables à notre théâtre que la vitamine D à la bonne calcification dentaire ».
La première de La Femme à barbe venait d’avoir lieu au Théâtre Artistique de Moscou, dans une mise en scène de —excusez du peu—Nicolaï Davidych. L’échec avait été retentissant : un public d’au plus quinze personnes en quatre semaines de représentation… Par comble de malchance, un fonctionnaire du Ministère de la Santé Publique se trouvait parmi ces quinze spectateurs. Il fut choqué par la pièce. Au quatrième acte, pour retrouver le sommeil, l’héroïne avalait  quelques comprimés de thalidomide. Ce médicament avait été retiré des pharmacies car des milliers de femmes, l’ayant utilisé comme sédatif pendant la période de gestation, avaient  accouché d’enfants sans pieds ni mains. Marina aggravait son cas : ses pièces précédentes lui avaient valu de sévères avertissements, car elle y faisait la promotion de médicaments interdits comme la tétracycline, le chloramphénicol et les antidiabétiques par voie orale. Le Ministère de la Santé Publique suspectait Marina Konstantinovna Pirogov d’être de mèche avec les laboratoires pour mettre l’art dramatique au service de l’industrie pharmaceutique.

12
Oct
08

14 de octubre: jenseits von gut und böse /mas alla del bien y del mal

04
Oct
08

4 de octubre: llegada de una nueva Rana Maléfica

Lamentamos anunciar la llegada de una nueva Rana Maléfica… Esto es lo que ocurre, desgraciadamente, cuando se les falta el respeto a estos animalitos, como ocurrió hace una semana en algunos comentarios de este blog.




Autor/Auteur

DIEGO VECCHIO, Buenos Aires, 1969. Reside en Paris desde 1992.

Publicó "Historia calamitatum" (Buenos Aires, Paradiso, 2000), "Egocidio: Macedonio Fernández y la liquidación del yo" (Rosario, Beatriz Viterbo, 2003), "Microbios" (Rosario, Beatriz Viterbo, 2006) y "Osos" (Rosario, Beatriz Viterbo, 2010).

Contacto: dievecchio@gmail.com

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